Entreprise libérée: imaginer le travail de demain

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Les jeunes actifs qui entrent sur le marché du travail sont en train de bouleverser les habitudes de l’entreprise ainsi que son organisation. entreprise libérée
Certaines prévisions indiquent qu’en 2035, la moitié des actifs travailleront en télétravail et 1 milliard d’entre-eux seront nomades numériques. La récente étude publiée par Ager confirme l’hypothèse d’une révolution sans précédent dans l’entreprise, et pose la question de l’entreprise libérée. Alors, est-il vraiment urgent de faire évoluer son entreprise? Que sera vraiment l’entreprise libérée dans 15 ans? entreprise libérée

Les millennials prennent le « risque » d’entreprendre

Quand j’étais encore à l’université, je vivais les prémisses du programme Erasmus, un programme lancé en 1987. Les étudiants choisissaient une destination à la mode et emménageaient dans une « auberge espagnole » avec d’autres étudiants venus des quatre coins du monde. Durant les échanges Erasmus, la plupart des étudiants ne suivaient pratiquement aucun cours… Les sorties en boîte de nuit, la plage, et les fiestas occupaient la majorité de leur temps. Malgré cette réalité que tout le monde connaît, mise en scène dans le film de Klapisch, celui qui a eu la possibilité de vivre cette expérience d’échange considère qu’elle a été fondamentale dans son parcours. C’est mon cas, et je le souligne malgré certaines anecdotes peu reluisantes.

Récemment, en décembre 2017, la Commission européenne a voté une hausse importante de budget pour le programme Erasmus +. Et en France, le budget annuel est passé de 163,7 millions à 196,7 millions d’euros, soit une hausse de 20 %. Aux États-Unis, 289 000 Américains ont passé une partie ou la totalité de leur année d’études à l’étranger, ce qui représente une augmentation de 400% par rapport à il y a 20 ans. Si les programmes d’échanges d’étudiants continuent à se développer autant, c’est parce qu’ils enrichissent l’expérience éducative, et les étudiants (et leurs parents) semblent toujours être d’accord sur ce point. entreprise libérée

Le programme européen d’échanges pour entrepreneurs

Depuis le début des années 2000, les entreprises s’intéressent à ce genre d’échange. Finalement, l’univers de l’entreprise n’est pas si éloigné que celui de l’enseignement supérieur. Ainsi, en 2009, un programme d’échanges frontaliers d’entrepreneurs a été mis en place. Intitulée « Erasmus pour jeunes entrepreneurs« , cette initiative a pour but d’offrir l’opportunité à de jeunes entrepreneurs de se former auprès d’entrepreneurs venant de pays différents. Cet échange d’expériences permet aux nouveaux entrepreneurs d’acquérir, au contact d’un entrepreneur plus expérimenté, les compétences indispensables à la bonne gestion d’une petite entreprise. L’entrepreneur d’accueil bénéficie quant à lui d’un regard neuf sur son entreprise. C’est également l’occasion pour lui de coopérer avec des partenaires étrangers ou d’en savoir plus sur de nouveaux marchés.

La plupart des jeunes entrepreneurs avaient déjà expérimenté ce genre d’échanges en tant qu’étudiants. Il était donc inévitable que l’entreprise intègre ce programme d’échange. En 2014, 8 000 entrepreneurs ont participé au programme.

Évoluer vers l’entreprise libérée

La problématique de la rétention des employés

Depuis l’arrivée des millennials sur le marché du travail, les entreprises sont confrontées à un problème très sérieux, celle de la rétention de leurs employés. Les effets d’un taux de roulement élevé se répercutent sur presque tout, limitant l’efficacité des initiatives et modifiant même leur organisation.

En revanche, les chiffres de PwC montrent que le transfert de personnel vers des bureaux dans d’autres pays est non seulement bénéfique pour la croissance personnelle de leur carrière, mais aussi un facteur positif de succès commercial.

On peut alors se poser la question : aménager les bureaux comme le faisait Google en 2000 est-il encore vraiment d’actualité ? Le babyfoot, la console de jeux, les paniers de fruits frais et les massages entre deux réunions persuadent-ils encore suffisamment les employés à rester dans l’entreprise ? L’apparition récente des CHO pour Chief Happy Officier – responsables du bonheur – semble contredire un peu plus l’efficacité de tels dispositifs sans vraiment résoudre l’équation de la rétention du personnel.

Le concept de CHO a été créé par Chade-Meng Tan, un ingénieur américain embauché par Google (encore). Il a changé de métier pour se concentrer sur le développement des personnes et leur bien-être. Il invente donc la fonction de « Jolly Good Fellow » qui se traduit par : super bon camarade. Le métier se développe dans la Silicon Valley dans les années 2000.

En 2015, le métier commence à être mis sur le devant de la scène en France et à faire des émules. Il a été créé en premier lieu dans les start-ups puis s’est déployé dans divers secteurs d’activités. Mais sa mise en place semble être le fait d’un souci d’image plus que d’une réelle volonté de transformation managériale. En effet, plus d’un tiers des postes de CHO créés en 2017 a été confié à des stagiaires, selon une étude Joblift…

Parallèlement, les nouveaux chiffres issus de l’étude publiée par Ager ont révélé que 59% des jeunes affirment vouloir abandonner leur emploi actuel pour lancer leur propre entreprise. Pour les chefs d’entreprise, cela pourrait apparaître comme une tendance pessimiste et même un cauchemar pour les DRHs. Mais il s’agit bien de la réalité. Les plus jeunes quittent de plus en plus leur emploi, et le traditionnel 9h-17h, pour se lancer dans l’entreprenariat ou pour devenir nomade digital.

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Les nouvelles formes de collaboration

Les jeunes actifs veulent donc des changements profonds dans le monde du travail. Et les chefs d’entreprise libérée peuvent les appliquer pour susciter de nouvelles perspectives de croissance et de relations professionnelles. Partout dans le monde, les gouvernements tentent de découvrir le secret de l’augmentation de l’entrepreneuriat. Le Japon a récemment investi plus de 50 millions de dollars pour promouvoir l’entreprenariat féminin. Et plus récemment, l’Inde a ouvert grand ses portes pour que les entrepreneurs investissent en Inde.

Certains pays tentent même de s’adresser directement aux entrepreneurs expatriés, comme le visa nomade numérique de l’Estonie, qui offre la résidence électronique et un impôt uniforme de 20% sur les bénéfices distribués. Les prochaines années nous diront si cela est suffisant pour influencer la génération Z.

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L’heure du télétravail et de la mobilité a t-elle sonné ?

L’étude des manifestations du « présentéisme » (insatisfaction au travail, fatigue extrême, surinvestissement) montre qu’elles sont souvent, dans une importante proportion, les prémisses de l’absentéisme. Le cabinet Midori Consulting calcule ainsi un « taux de présentéisme », variant selon les entreprises observées, de 1,4 à 2 fois le taux d’absentéisme. On estime son coût à près de 10 milliards d’euros pour les entreprises françaises.

« Le bureau est devenu une fabrique à interruptions »

Dans une société où l’on se plaint de plus en plus de la culture du présentéisme, il faut bien reconnaître que ce n’est pas forcément au bureau que le travail se réalise. C’est encore plus valable pour les métiers liés à la création : rédacteurs, développeurs, designers, créateurs de contenus… En somme, les métiers qui permettent le développement de l’économie numérique. Ceux-là ont besoin, pour fournir un travail de qualité, de périodes de plusieurs heures d’affilée sans interruptions. Pourtant, le plus souvent, leur journée de travail est en réalité entrecoupée d’une séries de réunions et de petits moments de travail.

1 milliard de nomades numériques en 2035, sans blague ?

C’est en tout cas ce qu’a prédit Pieter Levels, lors de sa conférence au DNX Global à Berlin en août 2015. Cette prédiction est fondée sur des projections démographiques et des changements sociétaux prévisibles. Pour comprendre, j’ai réuni les chiffres clés qui permettent d’appréhender cette prédiction.

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Auprès des jeunes actifs, la flexibilité et la mobilité font désormais partie des critères incontournables dans le choix de leur futur employeur. En cela, elles s’imposent chaque jour un peu plus comme les nouvelles formes de rétention des talents.

Un nouveau modèle attractif et durable d’entreprise libérée

Les récentes études montrent que les entreprises ayant développé des stratégies de rétention alternatives ambitieuses sont mieux préparées aux défis des prochaines décennies. Celles-ci seront plus rentables et amélioreront leur relation avec leurs salariés. La mobilité offre de nouvelles opportunités pour l’entreprise et constitue un défi social et managérial.

La grande majorité des jeunes de la génération Y, soit 92% d’entre-eux, souhaite travailler à distance. Dans cette perspective, au lieu de leur poser un ultimatum, il faudra plutôt envisager de leur permettre de travailler où ils veulent. Les possibilités technologiques que nous avons évoquées et les études récentes démontrent que le télétravail va stimuler la productivité, la créativité et le bonheur des employés. Est-il encore possible pour l’entreprise de ne pas prendre en compte ces changements?

Si l’entreprise ne se prépare pas pour ce changement, alors il est possible qu’elle soit confrontée à des problèmatiques de recrutement et de motivation auprès des personnels.

L’avenir du monde du travail est tout sauf écrit. Les jeunes actifs qui arrivent sur le marché du travail ont une vision claire et fondamentalement différente. Cette génération va réécrire les méthodes de travail pour se les approprier. Les entreprises qui s’adaptent maintenant auront une longueur d’avance sur celles qui rechignent à utiliser les nouvelles possibilités offertes par le digital. Une chose est sûre, la flexibilité et la mobilité resteront encore pour les années à venir les problèmatiques principales (ou les solutions?) pour la plupart des entreprises.

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Renato França
Renato França
Je suis passionnée par le nomadisme et cherche à évoluer un peu plus chaque jour. Après 35 pays traversés, les voyages me font voir le monde avec une perspective en constante évolution. Je crois en un avenir durable et collaboratif. Rêver, c'est planifier l'avenir.

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